Logis d’Emma, Triaize
Pour la première fois, lors d’un repérage pour trouver un endroit, alors que nous avions sélectionné un point sur la carte, c’est un grand portail bleu qui a attiré notre attention. Nous avons sonné et c’est la petite Maéva qui est venue nous ouvrir. Nous étions dans un hébergement d’enfants autistes placés par le juge.
Notre arrivée était prévue deux jours plus tard. Cet hébergement était composé de deux grandes maisons “Céleste et Charette”. Dans chaque maison, il y avait cinq enfants et deux encadrantes, et le tout chaperonné par Phil et Jo.
Quand nous sommes arrivés, les enfants étaient à l’école, Laetitia nous a tout de suite pris sous son aile. Nous proposant, avec l’accord de Jo et Phil bien sûr, la machine à laver, la douche et tout dont on aurait pu avoir besoin. Jo est restée un peu à l’écart, elle avait peur des chevaux. Une fois les chevaux mis en pâture, un petit tour dans la roulotte pour chacun était évident. Jo avait eu les larmes aux yeux quand nous sommes arrivés car elle avait vécu dans une roulotte avec sa grand-mère et ses frères et sœurs jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Quand elle est rentrée dans la roulotte, ses yeux se sont arrêtés sur un pendentif, une pierre d’ancrage, et là elle s’effondre en sanglots, sa grand-mère avait la même.
Ce genre d’expérience est très forte en émotions, mais pas que pour Jo, pour nous aussi, surtout de la façon dont nous sommes arrivés en ces lieux. Après nous avoir raconté un peu son histoire, nous étions persuadés que sa grand-mère, par notre intermédiaire, venait lui dire combien elle était fière d’elle et de son engagement auprès de ces enfants qui avaient tellement besoin d’un semblant de vie de famille et d’un foyer chaleureux.
Le soir même, nous sommes invités dans la maison “Céleste”. Nous avons fait la connaissance de Salime, Simon, Loucas, Maéva, Lilou avec leurs encadrantes Laetitia et Véronique. Un moment très animé car les enfants voulaient tous savoir et, avec leurs mots à eux, les questions ont fusé.
Le lendemain soir, c’est au tour de la maison “Charette” de nous accueillir. Johanna, Ambre, Louna, Stevens, Enzo et leur accompagnatrice Clarisse, Phil est venu prêter main forte puisque le binôme de Clarisse était chez les petits. Nous avons oublié de vous dire qu’il y avait aussi une autre maison pour les tout-petits entre 3 et 6 ans dans le village un peu plus loin.
Nous avons proposé que les enfants viennent visiter la roulotte et passent un moment avec les chevaux. Ce fut chose faite le lendemain. L’approche des enfants, tout en douceur. Les chevaux étaient sereins, paisibles, comme s’ils savaient que ces enfants, plus que n’importe quel autre enfant, avaient besoin d’être rassurés et que la douceur était leur façon d’être. Un instant rempli de légèreté et de simplicité. Ambre nous prenait souvent dans ses bras en nous disant “tu es mignonne” Loucas riait beaucoup et Stevens, calme et doux, entourait Rodéo de ses bisous.
Ce soir-là, nous sommes invités à souper à la maison “Céleste”. Après le repas, nous avons échangé un moment de musique juste avant le coucher des enfants, un rituel qui les apaise. Cette étape nous a réconfortés sur la différence, pour nous, celle-ci enrichie.
Quand nous sommes partis, il n’y avait qu’Enzo et Loucas avec Laetitia, Carine, leurs accompagnatrices, et Jo, les autres enfants étaient partis au cinéma. Beaucoup d’activités leur étaient proposées au Logis d’Emma. Beaucoup d’émotion dans ce départ pour nous, mais aussi pour Jo qui avait l’impression que sa grand-mère était venue l’encourager sur le chemin de dévotion qu’elle avait choisi.
Après ces émotions au Logis d’Emma, le bivouac qui nous attendait était assez tranquille. Nous étions chez Thierry, pas loin de Triaize. Nous sommes arrivés en plein milieu d’un pot entre amis auquel nous sommes tout de suite invités. Les chevaux sont installés juste devant la ferme, sur un petit endroit que nous avons clôturé. La roulotte fut branchée à l’électricité et les deux jours qui ont suivi nous ont été réparateurs, aussi bien pour nous que pour les chevaux.